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Roger Gaudreault

Essai sur la nutrition des chiens et des chats

Dernière mise à jour : 4 mars 2023

Par Roger Gaudreault

La nutrition des chiens et des chats est un sujet délicat. Il suffit de regarder un peu sur internet pour se rendre compte que les opinions sont très divergentes. On y retrouve des commentaires du genre: “donne pas ça à ton chien, c’est du poison!”. L’autre dira du même produit: “mon chien en a mangé durant 10 ans et est en parfaite santé”. Pas simple de s’y retrouver.



Ce qu’il faut savoir, c’est qu’aucune approche alimentaire pour chien ou chat n’est franchement “mauvaise”. Elles ont toutes des forces et des faiblesses, et il ne faut pas oublier que chaque animal est unique. Un produit peut très bien convenir à l’un, mais pas du tout à l’autre. Si mon frère ne peut pas digérer les pommes et que ça le rend malade, est-ce que ça veut dire que les pommes ce n’est pas bon pour nous? Il est important, pour déterminer la meilleure alimentation possible pour notre animal, d’analyser les produits avec un esprit critique plutôt que de se laisser emporter par nos émotions. Étudions les influences, l’historique et les différentes approches nutritionnelles afin de se faire une meilleure idée.

Les influences

Depuis l’arrivée d’internet, il est très facile à quiconque de faire valoir son opinion. Les échanges humains et culturels qui en résultent sont très intéressants et nous permettent de mieux nous connaître au niveau global. Malheureusement, on y retrouve aussi du n’importe quoi. Donc, afin de mieux cerner les influences, nous devons considérer les points suivants:

  • Les modes Certains ingrédients ou fabricants sont en ce moment “à la mode”. Ils sont actuellement très populaires grâce à un mélange de tendances, d’opinions et parfois de manipulation des réseaux sociaux. Ce qui fait que certains produits deviennent très recherchés par les consommateurs. Malheureusement les modes vont et viennent, et même si l’ingrédient à la mode aujourd’hui a une certaine valeur, il faut regarder plus loin si on veut trouver de l’information fiable.

  • Les ingrédients maudits: Des ingrédients ou méthodes de fabrication sont décriés par certains groupes de personnes. On les démonise délibérément et à grands cris afin de convaincre les consommateurs de ne plus en acheter. En plus d’être mauvais pour la santé, ce serait même du poison! L’exemple le plus flagrant est le maïs. Chacun a le droit d’avoir sa propre opinion pour savoir si ça rejoint ou pas ses valeurs personnelles. Toutefois il faut encore faire attention: l’opinion de chacun est souvent basée sur ses intérêts. Par exemple, un fabricant qui n’utilise pas le maïs dans ses produits à intérêt à laisser dire que le maïs est un mauvais ingrédient. Il faudra donc, avant de se faire sa propre idée sur un ingrédient en particulier, pousser les recherches plus loin que la simple opinion de l’un et de l’autre.

  • L’humanisation des animaux Les animaux de compagnie, en particulier les chiens et les chats, sont maintenant considérés comme des membres de la famille, et même comme des enfants. Mais un chien reste un chien, ce n’est pas un enfant ni un loup; ses besoins nutritionnels lui sont propres. En tant qu’humain, nous sommes tentés de penser que notre animal, membre de notre famille bien-aimée, aimerait mieux manger ceci et pas cela. Et c’est normal! Nous sommes habitués à prendre soin des membres de notre famille. Encore là, si on veut prendre des décisions éclairées concernant la meilleure nutrition possible pour notre chien ou notre chat, il faut aller au-delà de nos émotions et nos envies.

  • La science La recherche sur la nutrition des animaux de compagnie a fait des bonds gigantesques en quelques années seulement. L’information présentée est fiable et prouvée maintes fois expérimentalement. Ceci devrait en principe nous suffire. Mais encore là, ce n’est pas parce qu’on a prouvé qu’un nutriment est bon pour la santé d’un animal, que celui-ci va bien le tolérer. On devra donc, encore une fois, chercher un peu plus loin.

Historique

Il y a seulement une vingtaine d’années, choisir une nutrition pour notre chien ou chat n’était pas compliqué, puisqu’il n’y avait à peu près pas de choix. On considérait alors que l’animal devait consommer ce que l’humain refusait de manger et toutes les nourritures étaient faites dans ce sens. Un fabricant utilisait même des restes de boulangerie comme premier ingrédient! Avec le temps, les consommateurs ont commencé à poser des questions. Leur animal était de moins en moins “utile” et de plus en plus “proche de la famille”. Les petits chiens devenaient de plus en plus à la mode, on voulait leur mettre un petit manteau pour qu’il aient moins froid. Les consommateurs étaient maintenant prêts à investir bien plus d’argent sur leur animal qu’avant. Conscients du marché qui se développait, les fabricants ont effectué des recherches très poussées sur la nutrition des chiens et des chats et ont fini par mettre sur le marché des formules adaptées à l’âge et, plus tard, à la taille de l’animal. Les animaux ainsi nourris avaient maintenant un poil soyeux et brillant, et produisaient de belles selles fermes, peu odorantes. Tout ce qu’on peut vouloir d’un animal qui vit principalement à l’intérieur finalement. Plus tard, les fabricants ont commencé à varier leur offre: nouvelles protéines, nouvelles méthodes de fabrication, nouvelles prérogatives d’approvisionnement. Ils ont observé les humains qui recherchaient pour eux-mêmes de nouveaux modèles alimentaires et se sont adaptés. On proposa des produits alimentaires pour animaux qui rejoignaient de plus en plus les valeurs des consommateurs. Aujourd’hui, que l’on soit amateur de viande, cétogène, végan ou diète paléo, etc. on peut retrouver une diète pour notre chien qui correspond à nos propres valeurs. Autant l’être humain est divisé sur sa propre nutrition, autant il l’est maintenant sur la manière d’alimenter les chiens et les chats.

Les approches nutritionnelles

Faisons la lumière sur les différentes approches de nutrition des chiens et des chats, de manière la plus objective possible.

L’approche scientifique

Basée sur plus de quarante mille études sur la nutrition, on élabore une alimentation qui répond à tous les besoins nutritionnels. Dans cette approche, les ingrédients ne sont pas importants; seuls les nutriments le sont. On assemble des protéines, des vitamines, des oligo-éléments, des gras lents et rapides, etc. afin de concocter une nutrition scientifiquement éprouvée.

  • Ce que l’on aime Les protéines très concentrées à 95% et plus, ainsi que la formulation en font un produit facile à digérer et très bien adapté à la taille, l’âge et la condition de santé de l’animal. Les selles sont en général de très bonne qualité et se décomposent rapidement. Les vétérinaires ont fortement tendance à prioriser ce genre de produits puisqu’il peut facilement être adapté pour traiter des maladies (diabète, problèmes urinaires, etc.)

  • Ce qu’on leur reproche parfois Le procédé de fabrication tend à dénaturer les ingrédients, qui ne sont maintenant plus que des nutriments. De plus, la liste d’ingrédients ne donne plus aucune indication sur la qualité du produit fini; on doit donc faire confiance au fabricant.

L’approche Ingrédients

Basée sur l’idée qu’un chien et un chat doivent manger de la viande, on élabore une alimentation basée sur des protéines plus ou moins exotiques, parfois jusqu’à cinq variétés différentes, mélangées à une base avec ou sans grains. Les fabricants vont incorporer 40% de viande et plus dans la recette, certains vont aller jusqu’à 80% et même 90% de viande. On essaie d’imiter ce que l’on croit qu’un chien ou un chat mangerait s’il vivait en pleine nature.

  • Ce que l’on aime La grande quantité de viande donne un poil souvent très doux et soyeux à l’animal, en plus de donner un produit très appétant. Donne beaucoup d’énergie à l’animal. Ce mode d’alimentation semble coïncider avec un certain retour aux sources, recherché par l’humain. On utilise parfois des modes de cuisson alternatifs, tels que la cuisson sous pression ou au four. L’animal consomme une nutrition qui semble beaucoup plus naturelle, ce qui le rendrait plus heureux.

  • Ce qu’on leur reproche parfois La grande quantité de viande donne un produit souvent très protéiné, qui devient plus difficile à digérer. Un chien âgé ou en mauvaise condition peut avoir des colites ou des selles molles. Aussi, nourrir un chien ou un chat sédentaire avec cette alimentation risque de surcharger les reins et peut dans des cas plus rares causer de l'insuffisance rénale.

L’approche mixte

Basée sur le fait que l’approche scientifique est très valable, mais qu’un chien ou un chat doit tout de même se nourrir de viande, on élabore une alimentation contenant 15 à 25% de viande, en général une ou deux protéines de viande différentes. Ces produits créent un compromis pour le consommateur ambivalent.

  • Ce que l’on aime Les produits sont de qualité satisfaisante à des prix généralement moins élevés, puisque le fabricant peut supprimer des ingrédients plus dispendieux et ainsi pouvoir afficher un prix plus bas. Peut bien convenir à des chiens qui nécessitent une alimentation plus pauvre en protéines animales. Bonne appétence.

  • Ce qu’on leur reproche parfois Ces produits sont parfois perçus comme étant de qualité inférieure par les consommateurs puisque la recette ressemble aux “anciennes” recettes. La suppression d’ingrédients plus dispendieux peut causer un pelage moins soyeux et de moins belles selles.

L’alimentation crue

Basée sur l’idée que cette forme d’alimentation est la plus naturelle, on présente à l’animal des morceaux de viande crue fraîche ou décongelée. La viande peut avoir été hachée ou non, on y a parfois ajouté des vitamines et des minéraux.

  • Ce que l’on aime Le poil de l’animal devient magnifique, les selles sont très belles et les dents de l’animal restent bien blanches, dû aux os. Correspond à la vision que l’homme a de “l’alimentation sauvage”.

  • Ce qu’on leur reproche parfois À ce jour, aucune étude scientifique sérieuse n’a démontré le bien-fondé de cette alimentation; tous les témoignages en sa faveur ne sont qu’anecdotiques. La présence d’os augmente de risque de blessure et d’étouffement. Les études scientifiques tendent à démontrer qu’il y a des risques pour la santé de l’animal et pour l’humain, principalement à cause des salmonelles.

En conclusion

Comme je le disais au début, il n’existe pas vraiment d’approche alimentaire “mauvaise”. Il est important toutefois de bien considérer objectivement chaque approche et surtout de bien comprendre laquelle correspond le mieux à nos propres valeurs. Un chien ou un chat alimenté sur la base du gros bon sens et de l’intelligence a de bonnes chances de vivre une vie longue et en santé. Pour cela il faut toujours regarder les deux côtés de la médaille, d’écouter l’opinion des autres, mais pas trop, et surtout bien se renseigner, afin de se faire sa propre idée.



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